Harut Sassounian.Le candidat au poste de secrétaire à la Défense doit des excuses aux Arméniens-américains
22-01-2013 02:32:28 | USA | Articles et analyses
La plupart des observateurs politiques prévoient une audition conflictuelle devant la Commission des forces armées, et ensuite devant l’ensemble du Sénat, pour la confirmation de l’ancien sénateur Chuck Hagel, le candidat du président Obama, au poste de prochain secrétaire d’État à la Défense nationale.
Pendant ses 12 ans au Sénat, Hagel, un républicain, a réussi à heurter une multitude de circonscriptions électorales, y compris des sénateurs conservateurs de son propre parti politique, ainsi que des juifs-américains, des Arméniens-américains, des Cubains-américains et des gays. Pour apaiser ses critiques et garantir sa confirmation au Sénat, le sénateur Hagel s’est récemment mis à publier des rétractions et des excuses à l’intention des divers groupes.
En apprenant la nomination de Hagel, les organisations juives-américaines l’ont fortement critiqué, l’accusant d’être trop doux avec l’Iran et trop dur Israël, et pour avoir déclaré que « le lobby juif » aux États-Unis « intimide un grand nombre de gens. »
Le sénateur Hagel a répondu en déclarant au quotidien The Lincoln Journal Star, le 7 janvier, que ses antécédents politiques démontrent « un soutien total et sans équivoque envers Israël » et l’approbation de sanctions économiques dures contre l’Iran. Il n’y a pas « le moindre élément de preuve que je suis anti-israélien, pas un vote important [au Sénat] ne nuit à Israël », a déclaré Hagel au journal.
Hagel est aussi revenu sur son opposition au candidat ambassadeur James Hormel en 1998, qu’il avait qualifié d’être « ouvertement et agressivement, gay. » Il a publié des excuses la semaine dernière envers les groupes de défense des droits des gays, affirmant que ses déclarations précédentes étaient « insensibles ».
Cependant, le candidat au poste de secrétaire à la Défense, ne s’excuse nullement de ses commentaires extrêmement insensibles concernant le génocide arménien.
Lors d’une conférence de presse à Erevan le 2 juin 2005, le sénateur Hagel avait exprimé son opposition à une résolution en suspens au Congrès sur le génocide arménien : « Les historiens et d’autres devraient traiter ce sujet. Mais, je ne pense pas que le gouvernement des États-Unis devrait s’impliquer dans ce problème, par une résolution ou d’une autre façon. Ce qui est arrivé en 1915, est arrivé en 1915. En tant que sénateur des États-Unis, je pense que la meilleure façon de gérer cela est de laisser les historiens et d’autres décider de ce qui est arrivé et pourquoi. » Ceci s’avère être la position exacte du régime turc négationniste sur le génocide arménien.
Le sénateur Hagel a poursuivi en disant aux journalistes arméniens : « Le fait est que cette région doit progresser. Nous devons trouver une paix durable entre la Turquie et l’Arménie et les autres nations de cette région. Je ne suis pas sûr qu’en revenant sur ce point et en l’abordant d’une façon qui met un côté ou l’autre dans une situation difficile, aidera à faire avancer le processus de paix. » Ces commentaires étaient simplement destinés à dissimuler le crime turc de génocide.
Les déclarations du sénateur Hagel contre la reconnaissance du génocide arménien sont mises en évidence par ses expressions d’admiration sur Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République turque, qui a continué le génocide initié par le régime de ses prédécesseurs. Il n’est pas étonnant que la Société Atatürk d’Amérique ait remis au sénateur Hagel, la Prix de la Direction de la Société Ataturk, le 19 mai 2005, deux semaines avant sa visite en Arménie et qu’il ait promu les idées du gouvernement turc sur le génocide arménien.
Le journal Hurriyet a cité le sénateur Hagel faisant la déclaration suivante, extrêmement élogieuse sur le Père de la Turquie moderne, dans un discours de 2008 : « Atatürk est l’un des leaders les plus importants du 21e siècle. Les enfants aux États-Unis ne savent rien de ce grand dirigeant. On devrait leur enseigner sa vie et le mentionner dans les livres d’histoire. Atatürk a joué un rôle de premier plan dans la formation du monde d’aujourd’hui. »
Les Arméniens-américains et les militants des droits de l’homme qui sont profondément inquiets de la nomination d’Hagel, ont été cités dans un article d’Adam Kredo, paru dans le Washington Free Beacon, intitulé : « Chuck Hagel a un problème arménien. » Voici certaines de leurs déclarations :
-- « Nous restons très perturbés par le fait que l’ancien sénateur Hagel a accepté la règle du bâillon d’Ankara, sur l’honnêteté américaine à propos du génocide arménien », a déclaré le directeur exécutif de l’ANCA, Aram Hamparian.
-- « Nous attendons un processus de confirmation rigoureux qui donnera aussi l’occasion au sénateur Hagel de reconnaître franchement les antécédents américains sur le génocide arménien », a exposé Bryan Ardouny, le directeur exécutif de l’Assemblée arménienne d’Amérique.
-- « À la veille du génocide juif, Hitler a demandé d’un ton moqueur, 'Qui, après tout, parle encore aujourd’hui de l’extermination des Arméniens ?' Pas Chuck Hagel, apparemment. », a déclaré Rafael Medoff, le directeur de l’Institut David S. Wyman des Études sur l’Holocauste.
-- « Ce que Chuck Hagel a dit, pendant sa conférence de presse en Arménie en 2005 sur le génocide des Arméniens commis par les Turcs, est honteux », a déclaré Walter Reich, l’ancien directeur du Musée du Mémorial de l’Holocauste des États-Unis. « Au cours de ses prochaines audiences de confirmation, les sénateurs devraient le confronter à ce qu’il avait dit et obtenir des explications. »
-- L’opposition de Hagel à la reconnaissance américaine du génocide arménien « trahit un manque choquant de leadership moral », a exposé Thane Rosenbaum, professeur de droit à l’Université Fordham.
À moins que le sénateur Hagel ne fasse des excuses pour ses remarques « insensibles » sur le génocide arménien, les Arméniens-américains devraient vivement recommander au Sénat de bloquer sa confirmation.
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