Neuf morts dans une fusillade entre la police turque et des membres présumés de l'EI


Neuf morts dans une fusillade entre la police turque et des membres présumés de l'EI

  • 26-10-2015 13:18:40   |   |  

Au moins sept membres présumés du groupe État islamique (EI) et deux policiers turcs ont été tués lundi lors d'une fusillade à Diyarbakir (sud-est), la plus sérieuse survenue sur le sol turc depuis qu'Ankara a rejoint la coalition antijihadiste l'été dernier.

Ce violent accrochage s'est produit à l'aube lorsque des unités de la police antiterroriste ont pris d'assaut plusieurs maisons du centre de la grande métropole du sud-est à majorité kurde de la Turquie, à la recherche de militants jihadistes. Il intervient à six jours d'élections législatives anticipées sous haute tension, deux semaines après un attentat suicide attribué à l'EI qui a fait 102 morts en plein cœur d'Ankara et sur fond de reprise des affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Selon un responsable des services de sécurité locaux, les jihadistes présumés ont ouvert le feu sur les forces de l'ordre lorsqu'elles ont investi leurs "planques". Deux policiers ont été tués par l'explosion d'engins piégés installés autour de l'une des deux habitations encerclées, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anatolie. Quatre autres ont été blessés lors des violents échanges de tirs qui se sont ensuite poursuivis pendant au moins deux heures, selon Anatolie.

Sept militants présumés du mouvement radical ont également été tués lors de ces affrontements, a précisé à l'AFP un responsable des services de sécurité qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat. La police a également arrêté trois personnes pendant l'opération, selon la même source. En fin de matinée, des artificiers de la police procédaient au "nettoyage" du quartier, à la recherche d'éventuels autres engins piégés, a constaté un journaliste de l'AFP. Les autorités turques ont fait de l'EI le "suspect numéro 1" du double attentat-suicide qui a fait 102 morts et plus de 500 blessés le 10 octobre dernier devant la gare d'Ankara, parmi une foule de militants de gauche et de la cause kurde venus manifester contre la reprise du conflit kurde.

Cet attentat a eu lieu trois mois après une attaque suicide similaire, imputée aussi à l'EI, dans la ville de Suruç, à la frontière syrienne, où 34 militants prokurdes avaient été tués. Dans la foulée, le PKK avait repris sa campagne d'attentats contre les policiers et les soldats turcs, accusant le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara de ne pas protéger les populations kurdes de Turquie.

Ces opérations et les bombardements de représailles menées par l'armée turque contre les bases arrières du PKK ont fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l'automne 2012 entre Ankara les rebelles kurdes, qui mènent la guérilla depuis 1984. Longtemps soupçonnée de complaisance avec les mouvements les plus radicaux qui combattent le régime de Damas, sa bête noire, les autorités turques ont frappé pour la première fois des cibles de l'EI en Syrie après un incident de frontière entre ses soldats et des militants jihadistes quatre jours après l'attentat de Suruç. La Turquie a depuis rejoint officiellement la coalition antijihadiste dirigée par Washington.

Depuis l'attentat d'Ankara, la police turque a multiplié les interpellations dans les milieux jihadistes. Quatre d'entre eux d'entre eux ont été inculpés et écroués, a rapporté la semaine dernière le procureur en charge du dossier. L'un des deux kamikazes d'Ankara a été formellement identifié. Il s'agit de Yunus Emre Alagöz, frère de l'auteur présumé de l'attentat de Suruç, soupçonné d'avoir combattu en Syrie dans les rangs de l'EI et membre d'une cellule jihadiste installée dans la ville conservatrice d'Adiyaman (sud).

Les médias turcs ont rapporté samedi que la police était à la recherche de quatre personnes soupçonnées d'appartenir à l'EI, dont une ressortissante allemande, soupçonnées d'être entrées de Syrie en Turquie pour y commettre d'autres attentats avant le scrutin du 1er novembre. Ces élections sont cruciales pour le parti du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 13 ans, qui espère retrouver la majorité gouvernementale qu'il a perdue lors des élections du 7 juin.

 

Source: OLJ/AFP

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