YouTube publie deux vidéos sensationnelles Présentant l'Arménie comme une nation musulmane․ Par Harut Sassounian


YouTube publie deux vidéos sensationnelles Présentant l'Arménie comme une nation musulmane․ Par Harut Sassounian

  • 24-05-2025 12:03:41   | Arménie  |  Politique

 
Sur YouTube, je suis tombé sur deux vidéos fictives qui déforment l'histoire et l'identité de l'Arménie. La première, d'une durée de neuf minutes et 53 secondes, s'intitule : « Le premier pays chrétien au monde embrasse désormais l'islam : des millions de ses citoyens se convertissent à l'islam » .  La seconde, d'une durée de huit minutes et 24 secondes, s'intitule : « Le premier pays chrétien au monde : désormais 99 % musulman » . 
 
Les deux vidéos, au contenu quelque peu différent, sont narrées par une personne anonyme, avec une voix professionnelle. Elles racontent l'histoire infondée de la prétendue conversion de toute la population arménienne à l'islam. Les vidéos contiennent de nombreuses scènes réalistes de l'Arménie, probablement créées par l'intelligence artificielle.
 
Ces vidéos sont produites par une entité inconnue appelée « Light of Islam ». Lors de ma première visualisation, YouTube a affiché une note indiquant qu'elles contenaient du « contenu modifié ou synthétique », mais cette note a maintenant disparu. YouTube affiche à l'écran une longue explication exigeant que les vidéos indiquent si le contenu est fictif. J'invite les lecteurs à déposer une plainte auprès de YouTube.
 
Mon objection repose sur le fait que ces vidéos contiennent de fausses informations, induisant en erreur les spectateurs non arméniens en leur faisant croire qu'elles sont véridiques.
 
Pour illustrer le récit inventé présenté dans ces vidéos, voici des extraits de l'une d'elles que j'ai transcrite :
 
La vidéo commence par une histoire de l'Arménie entièrement fictive : « Au XVIIe siècle, les églises sont devenues des mosquées, les croix ont été remplacées par des croissants et les Bibles par des Corans. L'Arménie, plus ancien pays chrétien du monde, est aujourd'hui un pays musulman fervent dont la culture a disparu, [bien que] l'art de sculpter les khachkars sur pierre ait survécu, gravé de versets sacrés. Les chants folkloriques arméniens sont toujours chantés, mais leurs paroles louent Dieu. L'arménien est toujours parlé, mais les prières sont désormais récitées au nom d'Allah. À l'école, les enfants mémorisent l'Al-Fattah [l'un des 99 noms d'Allah] et continuent d'apprendre l'histoire de leur nation… »
 
Dans la vidéo, l'Arménie est présentée comme étant « devenue un centre de la culture islamique caucasienne. De grandes madrassas [écoles islamiques] ont été fondées à Gyumri et à Erevan. Des écrivains et poètes arméniens musulmans ont émergé, écrivant de la poésie en arménien, en arabe et en persan. Une nouvelle capitale spirituelle s'est développée autour du lac Sevan. C'est là que fut construite la plus grande mosquée du Caucase, dont l'architecture allie le style des anciens khatchkars chrétiens à la calligraphie islamique… L'Arménie est désormais un pont entre le monde islamique et l'Occident. Les diplomates musulmans arméniens siègent à la table des négociations européennes. Ils parlent cinq langues, citent al-Ghazali [érudit musulman persan du XIe siècle] et Shakespeare en une seule phrase. Ils sont respectés, car ils sont le miroir de deux mondes. Ce pays est la preuve vivante que les identités peuvent se développer sans perdre leurs racines et que la foi peut évoluer sans tuer la culture. Dans les universités, les universitaires arméniens étudient deux grands héritages : la Bible et le Coran, la croix et le croissant, non pas comme symboles de conflit, mais comme deux facettes de leur histoire. Qu'est-ce qui fait une nation ? La grandeur n'est pas d'être chrétien ou musulman. Aujourd'hui, dans cette Arménie alternative, l'appel à la prière résonne encore des minarets des mosquées, autrefois clochers d'églises. Les enfants dansent encore des danses folkloriques, chantant les chants de leurs ancêtres, avec des versets louant Dieu ».
 
Le narrateur présente ensuite un personnage fictif qu'il appelle « Harut » ! « Un jour, Harut demanda :  « Maman, pourquoi y a-t-il une image de croix chez nous ? Ne sommes-nous pas musulmans ?» Sa mère marqua une pause, puis répondit doucement : « Parce que cela fait partie de notre identité, mon fils. Nous étions chrétiens, puis nous sommes devenus musulmans, mais ce qui ne change jamais, c'est que nous sommes toujours arméniens ».
 
La vidéo continue : « À l'école, Harut apprend à lire le Coran et à se familiariser avec l'alphabet arménien ancien. Dans sa petite bibliothèque, il y a de vieux Corans reliés en cuir et une Bible en krapar [arménien classique], tous deux hérités de sa grand-mère, qui était religieuse avant de se convertir à l'islam. À l'approche de la fête des moissons, les familles se rassemblent sur la place du village. Les mères servent du lavash et du dolma, tandis que les enfants dansent le kochari au son de la zurna et du davul [tambour]. L'imam de la mosquée et le gardien de la vieille église se tiennent côte à côte pour accueillir les personnes venues des villages de montagne ».
 
« À l'extérieur de l'école, de nouveaux bâtiments côtoient des ruines antiques. Une mosquée aux arches de style ottoman jouxtait une église arménienne au toit conique caractéristique. L'appel à la prière résonnait dans l'air, mais le faible son des cloches sonnait encore lors d'occasions spéciales, en l'honneur de Dieu, et non en signe de résurrection. Le nouveau gouvernement arménien a instauré un programme d'histoire impartial. Le Musée national présente à la fois l'histoire des martyrs chrétiens et celle des premiers prophètes de l'islam dans la région : dans une salle, une ancienne icône de Jésus, dans une autre, un tapis de prière déchiré du XVIe siècle. Au centre, une inscription dit : « C'est ici que blessures et amour apprennent à coexister. »
 
YouTube devrait être instamment prié de supprimer ces deux vidéos fictives afin d'éviter d'induire en erreur les spectateurs qui ignorent la réalité de la culture et de la religion arméniennes.
 
 
  -   Politique