Harut Sassounian.Trump prend le risque de ternir son image pour une poignée de dollars azéris


Harut Sassounian.Trump prend le risque de ternir son image pour une poignée de dollars azéris

  • 08-08-2015 15:43:09   | USA  |  Articles et analyses
La dernière chose dont Donald Trump a besoin ces jours-ci, c'est d'une controverse de plus. Mais après tout, Trump se nourrit de la polémique et il appréciera très probablement toute publicité - positive ou négative - du moment que son nom fait la une des journaux. 
 
En raison de son nom éminent et de son franc-parler, Trump est donné en tête du groupe des 17 candidats républicains à la présidence des États-Unis, selon les derniers sondages nationaux. 
 
Il y a quelques années, lorsque Trump a accepté de prêter son nom à un hôtel en Azerbaïdjan, il ne pouvait pas prévoir que le fait de s'associer à un oligarque notoire de Bakou, aurait non seulement un effet négatif sur ses ambitions politiques, mais créerait également un grave conflit d'intérêt s'il venait à être élu président. 
 
Même si l'hôtel porte son nom, Trump n'est ni le constructeur ni le propriétaire de "Trump International Hotel & Tower Baku." Cependant, il gagne "des honoraires lucratifs de gestion pour l'utilisation de son nom et de son expertise dans ce projet", selon Russ Choma, auteur d'un article critique paru dans le magazine Mother Jones la semaine dernière, intitulé : Donald Trump fait des affaires avec un oligarque azerbaïdjanais controversé. 
 
Trump a récemment effectué une divulgation de renseignements financiers, une obligation pour les candidats à la présidentielle, qui a révélé que son entreprise avait reçu 2,5 millions de dollars de Bakou en 2014, bien que l'ouverture de son hôtel soit prévue plus tard cette année. Trump estime la totalité de sa fortune à plus de dix milliards de dollars. 
 
Choma rapporte que "Le partenaire de Trump dans cette entreprise est Anar Mammadov, un play-boy milliardaire de 34 ans, dont le père est le ministre des Transports de l'Azerbaïdjan. Il poursuit en citant plusieurs grandes organisations de défense des droits de l'homme qui décrivent l'Azerbaïdjan comme "L'un des pays du monde les plus répressifs et corrompus, en raison de l'intolérance du régime envers les dissidents et le haut degré de concentration de richesses parmi les hommes puissants en politique et leurs familles." 
 
Mammadov, dont la fortune est estimée à plus d'un milliard de dollars, est le président de l'entreprise Garant, qui a construit et est propriétaire du Trump Tower. Son père Zia, est étroitement lié au président autocratique de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev. 
 
Un point encore plus important pour les Arméniens, c'est que Choma rapporte qu'Anar Mammadov "dirige l'Alliance Amérique Azerbaïdjan, un groupe qui a été enregistré à un moment donné comme lobbyiste étranger au Département américain de la Justice. L'année dernière, l'Alliance a dépensé plus de 2,8 millions de dollars en lobbying au Congrès et au Département d'État, pour améliorer les relations USA-Azerbaïdjan." 
 
Selon OpenSecrets.org, l'Alliance a dépensé 11,5 millions de dollars au cours de ces quatre dernières années en lobbying auprès des législateurs et des officiels américains. Choma révèle "qu'en 2011, Mammadov lui-même a été aussi été inscrit conformément au Foreign Agent Registration Act, en raison de son travail avec l'Alliance. Bien qu'il soit toujours fortement présenté sur le site de l'organisation, Mammadov n'est plus listé comme lobbyiste étranger. Mais il semble toujours très enclin à courtiser les hommes politiques importants. Le site personnel de Mammadov présente un récapitulatif saisissant du gala du groupe qui a eu lieu à Washington en novembre dernier et dont il était l'hôte. Le sénateur Chuck Schumer (D-NY), Richard Burr (R-Ala.), Mark Pryor (D-Ark.) et Mark Warner (D-Va.) étaient présents à ce gala, ainsi qu'une flopée de membres bipartites de la Chambre. La page Facebook de Mammadov est saturée de photos d'entrepreneurs posant avec des hommes politiques, y compris le président de la chambre, John Boehner." 
 
Donald Trump a fièrement annoncé que le Trump International Hotel & Tower Baku "représente le standard inébranlable de l'excellence de The Trump Organization et de notre engagement dans les meilleurs projets mondiaux uniquement. Lorsque nous ouvriront en 2015, les visiteurs et les résidents feront l'expérience d'un bien luxueux, sans aucune comparaison à Bakou - qui sera parmi les plus raffinés du monde." 
 
Lors de sa dernière visite à Bakou, Ivanka Trump a fait écho à la confiance de son père quant au succès du projet d'hôtel : "Cet incroyable bâtiment reflète le plus haut niveau de luxe et de raffinement, avec une architecture extraordinaire inspirée par la mer Caspienne et des intérieurs sophistiqués qui allient style contemporain et charme intemporel. Nous nous réjouissons d'apporter en Azerbaïdjan nos services et équipements Trump inégalés." 
 
La Trump Tower de Bakou possède 33 étages et a la forme d'un mât d'un voilier. Elle comprend 75 résidences de luxe, 190 chambres d'hôtes, un spa, un club de remise en forme, une piscine d'intérieur, un centre d'affaires, une salle de bal, des boutiques, un bar et des restaurants, le tout entouré de jardins, de promenades et de fontaines. 
 
En s'associant avec des partenaires douteux dans un régime oppresseur, Donald Trump prend le risque de ternir sa réputation pour une poignée de dollars au beau milieu d'une campagne présidentielle ! 
 
 
 
Harut Sassounian 
The California Courier 
 
 
 
 
 
 
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