L’Azerbaïdjan critique vertement le président turc qui a félicité le président Sarkissian


L’Azerbaïdjan critique vertement le président turc qui a félicité le président Sarkissian

  • 04-03-2013 14:18:35   | USA  |  Articles et analyses

De : Harut Sassounian 

Éditeur de : The California Courier 
Éditorial de Sassounian du 28 février 2013 
 
Tandis que l’Arménie est aux prises avec les retombées des élections présidentielles du 18 février et tente de contenir une opposition nouvellement dynamisée, ses deux voisins hostiles, l’Azerbaïdjan et la Turquie, sont empêtrés dans une querelle à propos des élections arméniennes. 
 
Il y a un an, dans un article intitulé Qui gouverne la Turquie : Erdogan ou Aliev ?, j’avais exprimé ma stupéfaction en constatant que la Turquie permettait à l’Azerbaïdjan d’interférer très souvent dans sa politique étrangère, comme dans le cas des protocoles Arménie-Turquie. Il existe à présent deux nouveaux exemples d’ingérence infondée de la part de l’Azerbaïdjan, dans les prises de décisions turques. 
 
La compagnie aérienne Turkish Airlines avait à peine annoncé qu’elle allait distribuer des exemplaires d’Agos, un journal hebdomadaire bilingue arméno-turc, à ses passagers internationaux, que Fikret Sadikov, un professeur et analyste politique azéri, s’est opposé à sa distribution en la qualifiant de « geste absolument absurde et irresponsable. » 
 
Sadikov s’est aussi plaint que le président turc Abdullah Gül ait envoyé une lettre de félicitations au président Serge Sarkissian pour sa réélection. « De telles mesures causeront une grande peine tant en Turquie qu’en Azerbaïdjan. » a déclaré Sadikov à Trend, une publication azérie. L’objection du professeur Sadikov s’inscrit dans le cadre d’une plus vaste campagne orchestrée par les dirigeants azéris, accusant la Turquie de saper leurs efforts de pression sur l’Arménie, pour qu’elle fasse des concessions territoriales sur l’Artsakh (Karabagh). 
 
Voici certaines des objections concernant le président Gül, émises par des responsables azéris importants : 
 
-- « La Turquie doit clarifier la question des félicitations adressées par le président turc Abdullah Gül à son homologue arménien, Serge Sarkissian. », a déclaré Novruz Mammadov, chef de la politique étrangère du président de l’Azerbaïdjan. 
 
-- « Cela nous blesse…. Il est nécessaire de faire attention au fait que quel que soit le nombre de signes de politesse exprimé à l’Arménie, elle les utilise pour d’autres buts. », a déclaré Oqtay Asadov, président du Parlement de l’Azerbaïdjan. 
 
-- « Nous ne nous attendions pas à ça …. Il est regrettable que le président de la Turquie, partenaire stratégique de l’Azerbaïdjan, se soit empressé de féliciter Sarkissian dont l’élection résulte d’une fraude. », a déclaré Mubariz Gurbanli, membre du Parlement et Secrétaire exécutif adjoint du Parti du Nouvel Azerbaïdjan, le parti du gouvernement. 
 
-- « Que le président turc Abdullah Gül ait envoyé ses félicitations avant l’annonce officielle des résultats est une mauvaise mesure. C’est la continuation de la politique turque de zéro problème avec les pays voisins. Mais, de fait, cette politique est un échec. Avec cette politique, les relations de la Turquie avec la plupart des pays de la région se sont tendues. De plus, les félicitations du président turc à Sarkissian vont à l’encontre des intérêts de l’Azerbaïdjan. Au moment où la communauté internationale est en train d’exprimer l’opinion qu’un gouvernement illégitime existe en Arménie, le gouvernement turc scelle la légitimité de la gouvernance arménienne. Ceci est une erreur et ceci regrettable. » a déclaré Arif Hajili, membre du Conseil exécutif central du parti Müsavat en Azerbaïdjan. 
 
-- « Si quelqu’un pense que l’Arménie et les Arméniens abandonneront leurs revendications sur le prétendu génocide arménien et leurs revendications territoriales grâce à ces mesures, il se trompe. » a déclaré Gudrat Hasanguliyev, président du Parti du Front populaire d’Azerbaïdjan. 
 
-- « Les félicitations du président turc Abdullah Gül à Sarkissian ont été une décision hâtive. », a déclaré Nizami Jafarov, membre du Parlement et chef d’un groupe de travail sur les relations interparlementaires entre l’Azerbaïdjan et la Turquie. 
 
-- « La Turquie ne gagnera pas une appréciation positive de la communauté internationale avec cet acte. La Turquie peut en être sûre. Féliciter Serge Sarkissian était une mesure précipitée. Ce n’est pas dans l’intérêt national ni de l’Azerbaïdjan ni de la Turquie. », a déclaré le membre du Parlement, Fazail Aghamali. 
 
-- « Serge Sarkissian est l’ennemi de la Turquie. Il accuse la Turquie du prétendu génocide arménien et présente des revendications territoriales. On ne sait pas exactement pourquoi Abdullah Gül a décidé d’être l’un des premiers à féliciter Sarkissian pour sa réélection. C’est inacceptable. », a déclaré Vafa Guluzade, conseiller en politique étrangère de l’ancien président de l’Azerbaïdjan. 
 
Au lieu de répliquer durement face à l’ingérence azérie excessive dans les décisions de la Turquie, le ministre turc des Affaires étrangères a timidement expliqué que la lettre de félicitations du président Gül au président Sarkissian était « une courtoisie diplomatique et un geste de bonne volonté. » Gül avait également félicité Sarkissian, lors de sa première élection présidentielle en 2008. 
 
Combien de temps encore le gouvernement turc tout puissant, qui projette son influence politique, économique et militaire de tous les côtés, tolèrera-t-il l’ingérence répétée de l’Azerbaïdjan dans la politique de la Turquie ? Quand Ankara osera dire à Bakou de s’occuper de ses affaires et lui indiquera clairement que la Turquie ne subordonnera pas ses intérêts nationaux aux désirs égocentriques de l’Azerbaïdjan ? 
 
L’Arménie a de la chance, car pendant qu’elle gère les répercussions de l’élection présidentielle, ses deux voisins hostiles, l’Azerbaïdjan et la Turquie, sont occupés à se quereller ! 
 
 
©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 28 février 2013 – http://www.collectifvan.org/
 
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